Devenons en criss climatique, déchainons notre Rage Climatique!

 

L’éco-anxiété ne nous mènera nulle part: nous devons laisser place à l’éco-colère. Parce que la violence de la crise climatique nous donne toutes les raisons du monde d’être en criss climatique, c’est ce que Rage Climatique met de l’avant. Évidemment, les étudiant·es et leurs associations ont un rôle à jouer là-dedans. Nous avons du pouvoir!

 

Avant d’expliquer ce que l’on entend par l’éco-colère, il est pertinent de présenter notre organisation, Rage Climatique. En fin 2022, lors des événements entourant la COP15 à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, plusieurs personnes se sont rassemblées pour mettre sur pied l’organisation Bloquons la COP15 dans le but de proposer une alternative anticapitaliste et de dénoncer l’inefficacité de ces sommets, qui, depuis la première COP, n’ont pas permis d’être à la hauteur des impératifs de la crise climatique. Une fois la COP15 terminée, plusieurs personnes ont voulu continuer l’aventure, notamment pour mettre de l’avant un discours anticapitaliste lors du « Jour de la Terre » le 22 avril; le nom provisoire de CAÉ – Coalition anticapitaliste et écologiste – a été choisi. Quelques mois plus tard, le nom Rage Climatique est apparu comme étant plus pertinent et représentatif de nos objectifs et de notre mission: radicaliser les discours écologistes et mettre de l’avant un discours écologiste anticapitaliste et anti-oppressif.

 

La plupart des discours écologistes dominants utilisent l’éco-anxiété pour mettre de l’avant le sentiment d’impuissance qui en découle. L’éco-anxiété est cette émotion qui apparaît bien souvent quand on est bombardé·e de statistiques portant sur le réchauffement climatique, de rapports scientifiques affirmant l’irrévocabilité des dommages environnementaux et d’images médiatiques qui laissent croire que le changement climatique est l’installation lente de la fin du monde et d’une multitude de catastrophes. La lutte écologiste ne devient qu’une affaire personnelle: ce ne serait que par nos actions individuelles que nous pourrions changer les choses. Ce ne serait qu’avec des pailles en carton et des tasses réutilisables que nous pourrions freiner la réalité et les impacts de la crise climatique. Oui, il est normal de se sentir anxieux·se à cause des effets des changements climatiques, mais le problème avec ce type de discours est qu’il ne mène qu’à l’atomisation des actions et à la non-organisation. L’éco-anxiété nous fige dans la peur et dans l’angoisse de la fin du monde, comme si rien ne pouvait plus être fait pour changer les choses, comme si la fin du monde était plus réaliste que la fin du capitalisme.

 

Or, Rage Climatique souhaite que nous nous donnions les raisons de haïr ce monde qui détruit le vivant et de tout mettre en œuvre pour le pousser à sa fin, afin de nous permettre de mettre en place une société réellement écologiste et anticapitaliste, libre de toute oppression. Comment devons-nous nous y prendre? C’est une très grande question à laquelle nous ne prétendons pas détenir la réponse, mais à laquelle nous croyons primordial de mettre du temps et de l’énergie.

 

Nous invitons donc tout·es les étudiant·es, personnes exécutantes et associations étudiantes à se saisir de l’éco-colère et à affirmer leur Rage Climatique. Ces personnes et organisations ont, à notre sens, la capacité de mettre de l’avant un écologisme anticapitaliste et anti-oppressif. Toutefois, des actions importantes doivent être mises en place. En effet, il ne faut pas se contenter de réclamer des contenants réutilisables dans nos cafétérias : nous devons tenter de transformer nos associations étudiantes en véritables forces politiques écologistes et anticapitalistes. 

 

Ainsi, nous devons nous poser les questions suivantes : comment, en tant que personnes étudiantes évoluant avec les associations étudiantes (modulaires, facultaires ou générales) ainsi qu’avec le regroupement large qu’est la CRUES (Coalition de Résistance pour l’Unité Étudiante et Syndicale), pouvons-nous contribuer à ces luttes? Comment pouvons-nous radicaliser les discours entourant l’écologisme dans nos milieux d’apprentissage? Quels types de revendications peuvent être portées par ces milieux pour mettre de l’avant un écologisme qui serait anticapitaliste et anti-oppressif? Et comment les associations étudiantes peuvent-elles utiliser leurs ressources (argent, visibilité, crédibilité, capacité de mobilisation, expérience, etc.) pour soutenir les luttes autochtones de défense territoriale et les autres groupes luttant contre le colonialisme et la destruction écologique sur le terrain?  Une autre grande question qu’il est temps de poser concernant les luttes écologistes dans les milieux étudiants est la suivante : est-ce que l’idée d’une grève générale illimitée dans les cégeps et les universités est une tactique pertinente dans le contexte militant actuel? Cette réponse n’appartient qu’aux personnes étudiantes, mais il est très important d’y réfléchir et d’y répondre, car nous ne pouvons continuer de toujours viser la grève générale illimitée si nous n’avons pas de revendications concrètes… ou, lorsque nous en avons, qu’elles soient des revendications qui ne vont jamais véritablement dans le sens d’un écologisme anticapitaliste et anti-oppressif qui refuse la réforme. Cette dernière question est essentielle, car il est clair que la grève générale illimitée peut constituer un bon outil pour faire avancer nos causes et aller vers la révolution, mais une réflexion stratégique s’impose. 

 

Nous croyons, dans Rage Climatique, que le milieu étudiant a une grande capacité pour mobiliser et influencer les rapports de force entourant les enjeux écologistes. Cependant, nous croyons aussi qu’il est grand temps de se poser des questions concernant la manière dont nous pouvons militer ensemble pour nous permettre d’obtenir des gains cruciaux. L’urgence climatique nécessite de mettre de côté l’éco-anxiété pour laisser place à l’éco-colère, tout en réfléchissant de manière stratégique.

 

C’est dans cette optique que nous organisons la semaine de la Rage Climatique, qui aura lieu du 25 au 29 septembre, débutant avec des ateliers et se concluant avec deux manifestations, une le jeudi 28 septembre et une seconde, plus large, écologiste et anticapitaliste, le vendredi 29 septembre à 14h à la Place Georges-Étienne Cartier. Des appels à la grève et à l’action autonome ont été lancés, s’offrant comme des pistes d’action pour les étudiant·es et leurs associations qui désirent s’impliquer dans la lutte et réellement entamer une escalade des moyens de pression sur les questions écologistes!  Nous souhaitons ainsi mettre de l’avant un discours écologiste anticapitaliste et anti-oppressif, cette semaine sera donc une excellente occasion de tisser des liens entre nos milieux, de s’organiser et de faire de l’éducation populaire.

Parce qu’il est évident que la nécessité entourant les changements climatiques demandera aux étudiant·es et à leurs associations de prendre tous les moyens nécessaires pour permettre des changements systémiques radicaux et la mise en place de mondes nouveaux, devenons en criss climatique, déchainons notre Rage Climatique en septembre prochain!

Écrit par Rage Climatique

Illustré par Rémi Grenier