Éditorial : Vague contre l’austérité

Par l’équipe de la CRUES

Dans les dernières années, on observe à travers le monde, une montée de la droite conservatrice. Ici, au soi-disant Québec, nous ne faisons pas l’exception : la CAQ est en train de mettre en place un réel projet de société conservateur.

L’enseignement post-secondaire a déjà été un projet de société progressiste et la CRUES pense qu’il est temps de réclamer qu’il le redevienne. C’est pour cela qu’au congrès du printemps 2025, la CRUES a adopté une campagne contre l’austérité (et pour l’autogestion). L’austérité est une méthode pour rendre les services publics dysfonctionnels afin de promouvoir le privé et le marché. Elle se concrétise par des coupures dans les milieux sociaux, tel que l’éducation et les services de santé. Une des conséquences alarmantes de ces coupures est le délaissement des services et infrastructures publics.

S’opposer à cette austérité, c’est l’occasion d’aspirer à une réalité plus revendicatrice. L’éducation devrait être un milieu accessible pour tous·te·s, qui participerait à briser les inégalités sociales, et libre, permettant la décolonisation de nos esprits et la pratique de l’autogestion. Sans barrières économiques, culturelles et sociales, nous pourrions participer à l’émancipation des savoirs. L’éducation devrait être de qualité : un accès aux services nécessaires pour étudier dans de bonnes conditions. Pour cela, il faut arrêter de voir les institutions comme des entreprises. Il faut que l’éducation soit partie prenante d’un projet social.

La précarité étudiante ainsi que l’endettement étudiant sont plus communs qu’on pourrait le croire et se manifestent davantage chez les étudiant·e·s qui sont déjà à l’intersection de plusieurs inégalités sociales. C’est pourquoi la CRUES considère que la gratuité scolaire, la salarisation des stages et une réforme structurelle de l’Aide Financière aux Études (AFE) ne sont pas des privilèges, mais bien des nécessités pour permettre l’égalité des chances.

Présentement, les conditions des étudiant·e·s sont totalement délaissées par le gouvernement. Nos infrastructures s’écroulent, les services aux étudiant·e·s sont en manque critique de personnel et ce, justifié par un soi-disant manque d’argent. Nous avons de moins en moins d’espaces de socialisation, ce qui contribue à renforcer l’isolement chez les étudiant·e·s; les stages, plus spécifiquement dans les domaines traditionnellement associés au travail de reproduction/care ne sont pas rémunérés et dû à la complexité des conditions qui régissent l’AFE et l’insuffisance des montants accordés, les personnes étudiantes vers l’endettement et la précarité.

La CRUES croit aussi fermement en des solutions d’autogestion. Les personnes qui étudient et qui travaillent dans les établissements scolaires sont les mieux placé·e·s pour se gérer et pour savoir ce qui est le mieux pour leur population.

Le rapport de la ministre Déry et la recommandation concernant le resserrement de la Loi sur l’accréditation des associations étudiantes menacent la liberté de l’engagement étudiant et la démocratie étudiante. Ce sont nos instances et principes qui permettent de faire vivre l’autogestion au sein des communautés étudiantes. Ce rapport menace aussi la liberté académique professorale et étudiante. Il empêcherait d’aborder des questions urgentes, critiques, décoloniales, anti-impérialiste et qui se centrent sur la majorité mondiale[1], telle que la Palestine. Dans une perspective de démocratisation de l’éducation, la liberté de pouvoir décider collectivement de s’instruire sur des enjeux s’éloignant des savoirs dominants est essentielle.

La CRUES vous invite donc à vous impliquer et à venir à notre manifestation contre l’austérité le 7 novembre prochain. N’oublions jamais que le corps étudiant a du pouvoir : celui des moyens de pression. Le syndicalisme de combat nous permet de récupérer ce qui nous est dû et de refuser les tentatives autoritaires du gouvernement.

 

[1] La majorité mondiale, ou Global Majority en anglais, est le terme collectif utilisé pour les personnes et communautés autochtones, africaines, asiatiques, latinx, métisses, et racialisées. Ce terme-là est une substitution du terme personnes racisées et il vise à habiliter ces communautés-ci.