Le congrès des jeunes CAQUISTES vous chient dessus
Par Thildy, Blaxx S.Marcil et Victor Bonnifet, membres de l’Écorché.e, journal étudiant du cégep Lionel-Groulx
Le 7 juin dernier se déroulait le Congrès de la Jeunesse Caquiste. Armé de son slogan: « ça va brasser », le congrès nous a servi des panels et des discussions sur les réalités que vivent certains jeunes. Au cours de l’événement, un sujet nous a particulièrement titillés. En effet, la CRCAQ (Commission Relève de la Coalition avenir Québec) avait décidé de parler des fameuses et terribles associations étudiantes. C’est pourquoi l’Écorché∙e a décidé de s’infiltrer et de vous rapporter les opinions farfelues, dérisoires et hypocrites de la jeunesse du parti le plus patriarcal du Québec. Nous nous engageons donc à déconstruire toutes les fake news, les propos haineux et les biais cognitifs que les panélistes veulent vous faire croire. Nous voulons rappeler que l’enfer… pardon… la CAQ est pavé de bonnes intentions.
La culture du Me, Myself and I
Pour commencer, il faut parler d’un point intéressant qui a été apporté par Laurence Mallette-Léonard : la montée de la culture du Me, Myself and I. En effet, lors de la question sur les cotisations étudiantes, Mallette-Léonard surprend l’assemblée en rappelant qu’un des buts d’une association est de lutter contre l’individualité. En outre, elle fait allusion aux cas d’étudiant∙e∙s qui ne comprennent pas à quoi servent leurs cotisations étudiantes ou pourquoi leur argent devrait aller dans des projets collectifs, comme des frigos communautaires, des produits menstruels gratuits ou des projets de logements étudiants. L’ancienne présidente
de la FECQ (Fédération Étudiante collégiale du Québec) mentionne qu’un.e étudiant.e qui vient d’unmilieu favorisé et qui refuse de payer sa cotisation, sachant que celle-ci peut aider des étudiant.es défavorisés, aide à creuser le fossé social entre les riches et les démunis. Personne n’aime payer sa cotisation, nous compris. Or, dépenser un petit montant par session sachant qu’il favorise l’accès à l’éducation supérieure de plusieurs membres de la communauté étudiante est un moindre mal comparé à l’élitisation des CÉGEPS et universités. L’enseignement supérieur n’est pas censé être un privilège, mais un droit. Quand Philippe Lorange mentionne que la cotisation devrait être optionnelle, il dit entre les lignes que, pour lui, les pauvres ne méritent pas l’éducation. Pour ce futur docteur en sociologie, l’école est un « rich only club ».
Pour continuer, personne ne fait la grève de gaieté de cœur, et certainement pas les plus démunis, qui doivent retarder leur entrée sur le marché du travail ou se priver de salaire pendant un ou plusieurs jours. Or, si nous ne nous battons pas pour nos droits, qui le fera ? Avec les coupures dans les CÉGEPS et universités par la ministre Déry, nous devons davantage nous serrer les coudes pour protéger nos acquis. Personne à part nous-mêmes ne viendra à notre secours. L’on doit rester solidaire si nous voulons contrer la montée de la droite.
En bref, les modes de pensée individualistes comme ceux promus par Philippe Lorange et soutenus par la CAQ sont dévastateurs pour tous.tes ceux/celles qui ne sont pas privilégié.es. Parfois, quand j’entends certaines personnes dire que les associations étudiantes ne sont qu’une minorité bruyante, j’ai envie de leur répondre que, franchement, la CAQ et son fan club jeunesse ne parlent que pour une minorité blanches-riches-hétéro-homme-cisgenre.
Philippe Lorange, l’homme derrière la pelure
Nous avons fait une enquête afin de clarifier certaines informations données par le jeune panéliste Philippe Lorange lors du congrès. Après avoir questionné quelques étudiants traînant autour des associations à l’UQAM, nous avons été sous le choc! Quelle fut notre surprise lorsque nous apprîmes que la plupart de ses propos s’avéraient exagérés voir le reflet de ce que nous pourrions qualifier de mauvaise foi! Décortiquons ensemble les propos douteux de notre fabuleux fruit du démon.
Philippe Lorange et Qub Radio en bref
Philippe Lorange est doctorant en sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il est aussi animateur à Qub radio du groupe TVA, qui est une antenne véhiculant des opinions de droite. Par exemple : en laissant une place au chroniqueur controversé Mathieu Bock-Côté. De plus, au micro de Qub radio, il aborde malicieusement le sujet du campement pro-palestinien de McGill en 2024. Effectivement, à l’émission du 11 août 2025, il fait des amalgames qui généralisent les actions faites par différents groupes militants comme étant sous l’autorité d’une unique entité ayant pour but le saccage. Le tout sous le nom de « Campement ». Malheureusement, cette généralisation décrédibilise le mouvement en faisant passer les campeurs pour de simples vandalistes. Pour ma part, cette manœuvre est à prendre avec pincette, puisqu’il n’y a aucun appui à ses propos autre qu’une opinion dénudée de contexte. C’est donc les histoires que Lorange a raconté au congrès qui seront décortiquées lors des prochains paragraphes.
Lors du congrès :
« L’association des études avancées en sociologie, eux, y a presque 4 ans ils m’ont expulsé d’un party, alors que j’avais rien fait. C’était en raison de mes opinions que je n’avais même pas exprimé cette soirée-là. » dit Philippe Lorange le 7 juin 2025.
Nous avons interviewé Benoit Courant, une personne qui était présente cette soirée-là. Plusieurs informations dans l’explication de Lorange étaient manquantes. Premièrement, la soirée avait lieu dans un bar autour de l’UQAM. Deuxièmement, Courant nous confie que tout se passait bien à l’arrivée de Lorange jusqu’à ce qu’il parle de la loi 21 et d’un « nous québécois fort ». Le doctorant a insisté sur son opinion malgré qu’on lui répète de changer de sujet. Les participants à cette soirée lui ont donc demandé de quitter la table. Par la suite, au panel, il utilise cet exemple pour dire que les associations étudiantes devraient être encadrées par plus de lois gouvernementales. Une expérience personnelle d’un événement qui s’est mal passé ne devrait pas être une raison suffisante pour ajouter des lois.
La « Non-transparence » des associations étudiantes:
Lors du congrès, Philippe Lorange dit que la cotisation de l’AFESH a augmenté de 25 à 35$ et que l’on ne sait pas où va cet argent.
Cependant, l’AFESH (Association Facultaire Étudiante des Sciences humaines de l’UQAM) a été mentionnée par Lorange comme étant une association qui cache ses dépenses à ses membres. Or, après avoir écrit « AFESH » sur Google, accédé à leurs sites internet et appuyé sur 2 liens, nous avons pu trouver tous les budgets de l’AFESH adoptés de 2010/2011 à 2024/2025. Cette désinformation est considérée par l’Écorché.e comme une stratégie visant à rabaisser les actions prises par une association étudiante militant activement contre la plupart des conneries imposées par la CAQ. En parlant de connerie, la CAQ fait des coupes budgétaires dans l’éducation supérieure et nous allons probablement en baver tout au long de l’année scolaire. Un groupe de représentant∙e∙s de plusieurs associations étudiantes nous rapporte que certaines activités étudiantes importantes sont déjà annulées et que des emplois ne seront pas renouvelés. Par exemple: si un∙e employé∙e de maintenance ou de loisir démissionne, comme il/elle n’est pas considéré comme essentiel, celui-ci ou celle-ci ne se verrait pas remplacé∙e. En attendant, la CAQ investit des milliards dans une compagnie du nom de Northvolt et remet sur table le Saint-Simonac de projet du troisième lien. Alors, dites-nous? Il est où le problème entre l’AFESH, qui fait de son mieux pour être accessible, et Lorange, qui orgasme sur la CAQ et manque de transparence?
Appréciation générale du congrès
Évidemment, en allant à Lévis pour rencontrer des caquistes, nous savions que nous nous aventurions dans un terrain hostile. Or, nous ne nous attendions clairement pas à nous sentir autant étrangers entre ces jeunes en complet cravaté.
Nous avons été particulièrement choqués par la violence des participants envers Laurence Mallette-Léonard. En effet, malgré qu’elle soit invitée par le congrès pour défendre sa position pro-assos, elle s’est fait taire par la foule. Effectivement, par deux fois lorsqu’elle a voulu prendre la parole pour répondre à une question ou simplement continuer le débat, l’audience, majoritairement AMAB (assigned male at birth/assigné homme à la naissance), a applaudi par-dessus elle, l’empêchant ainsi de répondre. Or, sans surprise, Lorange a pu continuer de promouvoir ses mensonges sans être nullement inquiété par l’assemblée. Farnell Morissette, rencontré par hasard au congrès, disait de regarder l’aile jeunesse d’un parti politique pour comprendre les vraies intentions de celui-ci. Nous conclurons donc que le but de la CAQ est de réduire au silence les femmes qui osent leur tenir tête. Nous tenons, cependant, à souligner le courage de Mallette-Léonard pour avoir tenu le coup et d’avoir réussi a continué de tenir tête à Lorange et à la foule.
En plus, il est particulièrement inquiétant de voir à l’œuvre la montée de la droite. Clairement, je ne me sens pas en sécurité quand j’entends un participant critiquer la FEUS (Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke) parce qu’elle choisit de dire « personne qui menstrue » au lieu de « femme ». Moi et mon collègue avons même choisi de ne pas révéler nos pronoms pour ne pas nous mettre en danger. La CAQ et son aile jeunesse ne sont pas une menace à prendre à la légère, ce sont les fers de lance de la montée de la droite autoritaire. Nous avons la responsabilité collective de lutter contre ses opinions terrifiantes et néfastes.
Les assos, une si grande menace?
En sortant du panel, moi et mon collègue, nous nous sommes promenés un peu à l’extérieur pour recueillir quelques témoignages des participants au congrès.
Évidemment, nous avons posé des questions en rapport à l’appréciation des associations étudiantes par les membres de la jeunesse caquiste. Nous étions très surpris de constater que tous∙tes étaient en accord avec les propos de Lorange, mais que très peu s’étaient intéressé.es à leurs associations. En effet, à des questions directes dans le sens : « oui ou non, aimez-vous votre asso ? », l’on nous répondait que non. Or, dès que nous tentions de creuser la réponse, on nous répondait invariablement des généralités comme : « mes cotisations sont trop chères » ou « mon asso fait trop souvent la grève ». Nous avons même demandé à un étudiant en droit de l’université de Sherbrooke qui dînait avec Lorange ce qu’il pensait de ses cotisations et il répond sans hésiter que celles-ci sont trop chères. Cependant, quand nous lui demandons s’il considère qu’elles sont bien investies, il doit nous avouer qu’il n’a pas regardé les budgets. Même style de réponse quand nous le questionnons sur sa présence aux assemblées générales : il n’y va pas, mais considère que les prises de position de la FEUS (Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke) sont mauvaises. En sommes, pour des gens qui tentent d’influencer le gouvernement à légiférer pour encadrer les associations étudiantes, nous trouvons que les participants aux congrès sautent aux conclusions sans tenter de réellement comprendre à quoi iels s’attaquent. Les opinions promulguées sont davantage contre une menace inexistante d’une asso toute-puissante qui cache des guillotines derrière sa porte et des AK-47 sous des bureaux que basées sur des faits réels et vérifiables. Leur ignorance coûte cher à la communauté étudiante défavorisée.
Conclusion
En sommes, les jeunes caquistes se pensent si transparents qu’ils n’ont même pas pris la peine d’écrire un procès-verbal de leur rassemblement, contrairement aux assos étudiantes qui, elles, le font et les rendent publiques. C’est pourquoi nous avons l’honneur de vous offrir un extrait audio du congrès, disponible sur la bio insta de l’Écorché.e. Cet extrait porte uniquement sur la partie débat du panel sur les associations étudiantes. À la place de chier sur les asso, allons tous chier sur la CAQ!
Bonne écoute!